« Pour une Algérie Républicaine Moderne et Sociale »
   
  PARTI pour la LAICITE et la DEMOCRATIE (P-L-D) ex MDSL
  Choisir entre le pire et le plus mauvais, de Moncef Benouniche!
 
LE SOIR D’ ALGERIE, Mardi 24 juillet 2012 !
Contribution : POUR UNE CULTURE DU DÉBAT
Choisir entre le pire et le plus mauvais



Par Moncef Benouniche, Citoyen démocrate
Sommes-nous dans la plus calamiteuse des situations qui consiste à devoir opérer un choix entre le pire et le plus mauvais ? Sommes-nous condamnés, à tout jamais, à l’immobilisme pour éviter de voir éclore et se développer encore plus catastrophique que ce que nous connaissons — cela relève de la différence de degré et pas de nature — et, ainsi, intégrer si intimement la culture de la soumission que le terme, si simple, du vocabulaire qui consiste à dire «non» a disparu et semble impossible à retrouver malgré une quête éperdue ? Véritable tragédie grecque ?
Sommes-nous tous des «Œdipe» condamnés à tuer le père et épouser la mère pour une descendance maudite ? Et, de plus, nous n’avons même pas d’oracle à consulter, lequel pourrait nous apprendre le pourquoi et le comment du détestable. Il nous reste, cependant, et cela relève du miracle, la possibilité de regarder autour de nous pour peu que l’immense effort de levée des paupières soit encore accessible A titre d’exemple – à ne pas suivre – et à la lecture de certains journaux bien pensants, les Syriens seraient placés devant l’alternative du régime tueur de la domination sans partage de la minorité alaouite et des visées antidémocratiques de la coalition «Otanislamistes » et que, tous comptes faits, il est préférable de ne rien changer puisque la seule perspective ouverte est celle du pire fait de la rencontre de «l’étranger» — honni par hypothèse et la colonisation la plus terrible au monde nous en a donné quelques enseignements pour être le justificatif de tous nos maux — et de l’obscurité. Regardez la Tunisie tombée dans l’«escarcelle» de l’islamisme et non dans l’«escarcelle» de la démocratie (?), malgré les affirmations péremptoires de Moncef Marzouki, et on regretterait presque le temps heureux du régime Ben Ali. Regardez l’Egypte où la place Tahrir semble avoir décidé de tourner le dos à ce qu’elle signifie puisque c’est Mohamed Morsi, le «Frère musulman» qui apparaît comme le seul et crédible opposant au pouvoir militaire et on regretterait presque le temps béni du régime Moubarak. Regardez le Maroc où le roi, «commandeur des croyants», dont on connaît l’appétit pour la fortune matérielle, doit composer «démocratiquement» avec les islamistes «modérés» ; remettra-t-il en cause sa «moudawana» (Code de la famille) si souvent citée en exemple comme voie de la modernité laquelle a, il est vrai, encore du mal à être appliquée par un appareil judiciaire culturellement hostile. Regardez la Libye menacée d’éclatement et où l’application de la charia — droit positif, c'est-à-dire qui s’applique à un moment donné — est envisagée et on regretterait presque le temps apaisé de la «Jamahirya» de Kadhafi. Naturellement, nous reviendrons sur la question de savoir ce que signifie «islamiste modéré» et celle de l’islamiste qui pourrait n’être pas favorable à l’application de la charia ; mais arrêtons-nous sur le regard porté sur nos voisins géographiques et culturels. Selon l’idéologie dominante, savamment entretenue et diffusée, l’Algérie ne saurait échapper à la tragique évolution que connaissent nos malheureux voisins ; aussi, serait-il très dangereux de mettre le moindre doigt dans la perspective du changement, inévitablement réduite au choix calamiteux du pire ou du plus mauvais, la fable du bon prince et des mauvais ministres étant toujours l’explication majeure apportée à tout dysfonctionnement social et politique. Aussi, Mesdames et Messieurs les Algériens ne changez rien parce qu’il vous coûterait bien plus qu’il ne vous en coûte. Ne changez rien au désespoir d’une jeunesse que plus rien ne motive sinon le désir de mettre fin, par quelque moyen que ce soit, à la nuit la plus noire ; ne changez rien aux inégalités chaque jour plus accusées ; rien, non plus à la disparition, jusque dans les esprits, de l’esquisse de l’épure de l’idée de liberté ; rien, aussi, au communautarisme ravageur de l’individu et par-dessus tout, rien à ce qui vous protège, comme des enfants balbutiants, de maux qui pourraient, plus encore, désespérer la jeunesse ; approfondir les inégalités et mettre les femmes dans une prison quelle que soit sa couleur ; enfermer la (les) liberté(s) dans la «vérité indiscutable» et donner encore plus de vigueur à la négation de l’homme au profit du groupe. Ce qui se passe à nos portes doit nous conduire à la sagesse, évidemment synonyme de modération… et de soumission ou encore servitude volontaire, pour emprunter, une fois encore, à ce bon Etienne de la Boétie. Si l’évolution politique de nos voisins — on sait la dimension essentielle de nos «djiran»— doit conduire à une démarche pleine de circonspection, le climat naturel — ou encore la canicule qui sévit surtout dans le sud du pays – a poussé certains illuminés au désordre et on sait les explications «très convaincantes » des responsables des lacunes de la fourniture d’électricité qui permet d’avoir un peu moins chaud à plus de quarante degrés à l’ombre dans ce pays qui regorge de ressources énergétiques Il paraît qu’à Laghouat et ailleurs, des illuminés du même acabit ont fait entendre une voix protestataire pour des inconvénients liés à la vie quotidienne qui relèvent du transport, du logement et d’autres petites choses de la même nature… Halte. Ce déplorable jeu de langage et de tournures qui sacrifie à un politiquement correct vain, lequel n’emporte plus aucune adhésion, doit cesser et les acteurs du politique — quelle que soit la place occupée – ne peuvent pas se soustraire à la réflexion sur les rapports intimes et destructeurs du pire et du plus mauvais qui sont les deux faces d’une même médaille, porteurs et soutiens l’un de l’autre, s’abreuvant à la même source de misère culturelle. Grande est la colère d’une jeunesse sacrifiée, d’autant plus que celle-ci est rentrée et contenue par des artifices dérisoires ; une jeunesse privée de toute ouverture culturelle si bien qu’elle n’évoque le terme «cinéma» que pour désigner ce qui s’apparente à l’inaccessible étoile ; grande, aussi est celle du corps médical qui ne parvient pas à remplir son rôle social, faute de moyens indispensables et parfois élémentaires du fait d’un appareil administratif incompétent et indifférent ; grande également… Alors, que font ceux qui ont la charge de traduire en termes politiques ces colères pour qu’elles ne débouchent pas sur la saignée que constitue le phénomène des harraga que rien ne semble décourager ? Sans doute sont-ils trop préoccupés par leurs querelles inter-partisanes — qui sont étrangères à tout débat politique —ou, plus accablant encore, leurs misérables disputes internes et il ne fait pas de doute que l’exemple le plus caricatural de la déliquescence politique est fourni par ceux qui attendent la rénovation par la voix du vieillard, lequel illustre parfaitement le fait que le passé, si prestigieux soit-il, ne peut fonder une légitimité permanente et définitive ; Messali, s’il était avec nous, pourrait savamment nous en parler. Que ce sinistre jeu de chaises musicales soit interprété par un FLN, étranger à celui qui a porté les idéaux des indignés de la colonisation, ce n’est que normal ; mais pour d’autres qui entendent construire un ordre fondé sur le «vivre- ensemble», le lien social et la démocratie, c’est une faute grave. Il faut insister sur l’expression des colères populaires qui empruntent les voies nécessaires pour être entendues ; si la traduction politique de ces colères n’intervient pas du fait de l’extrême pauvreté du champ politique, le pire ou le plus mauvais saura s’en accaparer pour mieux se faire entendre et imposer «sa» vérité à l’un des peuples les plus jeunes vivant dans l’un des pays les plus généreusement dotés par la nature.
M. B.

 
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