« Pour une Algérie Républicaine Moderne et Sociale »
   
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  Pour une meilleure compréhension des élections en Tunisie!
 

Le soir d' Algérie du jeudi 3 novembre 2011!
Chronique du jour : CE MONDE QUI BOUGE
Tunisie, un électeur sur deux n’a pas voté

Par Hassane Zerrouky
Premier enseignement du scrutin législatif, que peu de commentateurs n’ont pas relevé, ce n’est pas tant la victoire «écrasante» d’Ennahda qui a surpris mais l’ampleur de l’abstention. En effet, sur un nombre total d’électeurs de 7 568 824, seuls 3 702 627 électeurs se sont rendus aux urnes, soit un taux de participation de 48,91 %. Autrement dit, l’abstention a dépassé les 51 % ! Si on affine ces chiffres, on observera que le parti islamiste a recueilli plus de 1,5 million de voix, ce qui, rapporté au 7,5 millions d’électeurs potentiels, représente 20,28%.
Au regard de l’enjeu que représentait cette première élection pluraliste de l’histoire de la Tunisie, on comprend a posteriori pourquoi les forces de gauche et progressistes battaient la campagne pour inciter les Tunisiens à voter. Dans le cas de figure de la Tunisie – c’est valable pour d’autres pays comme on a pu le vérifier en Algérie en 1991 – l’abstention fait le jeu des partis de la droite religieuse. La base islamiste, quand elle est convaincue par le projet politico-religieux porté par ses représentants, considère le vote comme un devoir religieux. Aussi s’est-elle rendue aux urnes comme une armée entraînant dans son sillage tous les hésitants grâce à une campagne de proximité qui a débuté au lendemain de la chute de Ben Ali. Mais aussi et surtout en instrumentalisant toutes ces mosquées tombées sous le contrôle d’Ennahda et de ses alliés salafistes. Après le 14 janvier, l’une des actions entreprises par le parti de Ghannouchi ne fut-elle pas de «libérer» la mosquée en mettant à la rue les «imams officiels» et les remplacer par des imams «nahdaouis» ? L’erreur des forces progressistes et démocratiques présentes majoritairement dans la «Haute instance de réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique » présidée par Yadh Ben Achour, est de s’être focalisées sur les mécanismes institutionnels et politiques devant mettre en application les principes de la «Révolution du 14 janvier», la mise en place de la Constituante, la loi électorale, la loi sur les partis… en négligeant ou en sous-estimant l’organisation et la gestion du religieux en phase de transition démocratique. Or, en pays musulman, négliger cet aspect de la réalité, à savoir laisser le terrain libre aux islamistes pour s’occuper de la chose religieuse, comme s’ils étaient les seuls qualifiés pour une telle tâche, peut s’avérer une arme redoutable entre leurs mains. Et d’ailleurs, sans attendre, ils avaient transformé les mosquées en tribune politico-religieuse tandis que les progressistes et démocrates glosaient sur les principes universels de la démocratie, sur les moyens à mettre en place pour empêcher tout retour des partisans de Ben Ali alors que l’urgence d’une mise en place de lignes rouges empêchant toute remise en cause des acquis du 14 janvier et de la modernité s’imposait. Le scrutin proportionnel a certes évité le pire : Ennahda n’est pas majoritaire. Et une partie des électeurs qui a voté pour les islamistes l’ont sans doute fait non seulement pour sanctionner l’ancien régime mais aussi les démocrates trop focalisés sur le danger islamiste, négligeant le social, au point de rendre non visible et non lisible leur message. Riadh Ben Fadhel, porte-parole du PDM (Pôle démocratique moderniste), a admis que son mouvement a été piégé par les islamistes. «Ils nous ont enfermés dans un ghetto identitaire, il va falloir en sortir en mettant au rang de nos priorités outre la séparation du religieux et du politique, les questions sociales et économiques». Elue avec moins de 50 % des électeurs, l’assemblée constituante, qui aura à rédiger la nouvelle Constitution, manque cruellement de représentativité. Certains diront, c’est la loi de la démocratie. Il n’empêche, il y a quand même une incertitude. Le risque est grand qu’Ennahda, qui aura à former le gouvernement, qui aura le contrôle des médias lourds, qui pèsera dans cette assemblée, ne soit tenté de vider de son sens tous les acquis de la révolution sous la pression de sa périphérie. Et seul un front de toutes les forces progressistes et non islamiques présentes dans cette assemblée – près de 60% des sièges – pourra l’en empêcher.
H. Z.

 

 

 

 
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