L’ANP, garante d’une transition pacifique
vers la République moderne
L’Algérie marque le 61ème anniversaire du premier Novembre dans un contexte international caractérisé par une montée sans précédent de totalitarismes à visages multiples allant de l’islamisme politique aux extrêmes droites européenne et américaine.
En effet, la déferlante islamiste ne cesse de progresser au Moyen Orient et en Afrique. Daesh accentue l’annexion territoriale de la Syrie et de l’Irak tandis que Boko Haram après s’être rendu tristement célèbre par ses massacres au Nigéria, étend aujourd’hui ses carnages au Tchad et au Cameroun.
Les Talibans quant à eux, viennent de se distinguer par un coup d’éclat qui affectera l’équilibre précaire de l’Afghanistan et de l’Asie centrale. En effet, leurs troupes ont réussi l’opération militaire la plus spectaculaire depuis 2001 en s’emparant pendant plusieurs jours d’une ville stratégique, Kunduz.
Les largesses de la Turquie à l’endroit de Daesh ont mis à nu la nature profondément violente et antidémocratique de sa politique, terni le modèle de l’émir Erdogan et fait voler en éclats son image « d’islamiste modéré ». Les luttes extraordinaires portées par la société civile turque ont permis de consolider par ailleurs la place du parti progressiste HDP dans l’échiquier politique turc. L’odieux attentat d’Ankara du 10 octobre qui a fait une centaine de victimes risque de donner un coup d’arrêt à cette dynamique politique et de peser en faveur des islamistes turcs aux élections anticipées de Novembre 2015.
Quant à l’engagement militaire russe au Moyen Orient, il s’agit d’un tournant important qui pourra à moyen terme changer le rapport de forces qui a prévalu jusqu’à présent dans la région. Ce retour en force de la Russie sur le terrain diplomatique et militaire, a des chances d’y rebattre les cartes d’autant plus que la coalition emmenée par l’Arabie Saoudite, amie traditionnelle des Etats-Unis, est enlisée dans la guerre du Yémen et que celle-ci compte parmi ses alliés stratégiques, une puissance islamiste redoutable, l’Iran.
Le Moyen Orient est en train de subir de très grands bouleversements mais quelles que soient l’issue et l’envergure des chocs politiques qui s’annoncent, l’islamisme politique n’y connaîtra pas de déclin à brève échéance. L’embrasement de la région n’est pas près de s’éteindre d’autant plus que la jeunesse palestinienne vient de lever l’étendard d’une nouvelle intifadha et que la question palestinienne est dans l’impasse depuis plus d’un demi-siècle.
L’Algérie plus que jamais vit une situation difficile exacerbée par une instabilité endémique. Ses immenses frontières avec le Niger, le Mali ou la Libye, pays ravagés par le terrorisme islamiste, sont difficilement contrôlables. Ce qui aggrave sa situation sécuritaire et en fait une véritable poudrière.
Dans un contexte aussi préoccupant et explosif, nous nous interrogeons sur l’avenir du pays, au lendemain de purges qui ont touché les services de sécurité et du renseignement et suite à l’arrestation de deux généraux de l’ANP, Abdelkader Aït-Ouarab et Hocine Benhadid, dont l’exemplarité a été remarquable et dont la lutte anti-terroriste en a fait de véritables figures de proue.
Cette répression politique que nous dénonçons fermement s’exerce dans la plus grande opacité par le pouvoir. Celle-ci s’est abattue aussi sur l’élite du pays. En effet, un industriel reconnu pour sa culture d’entreprise, Issad Rebrab fait l’objet de pressions scandaleuses et d’une campagne de rumeurs calomnieuses dont le but est de salir la réputation d’un homme qui refuse de se soumettre au diktat d’un pouvoir maffieux. Evidemment, un système fondé sur la corruption et la rente ne peut pas s’accommoder des exigences d’un capitaine d’industrie, employeur de dizaines de milliers de travailleurs et dont le franc parler n’a d’égal que la détermination de voir l’Algérie sortir de son marasme économique et de la stagnation.
Au fait, où veut en venir le pouvoir quand on sait que le pays n’est qu’un château de cartes prêt à tomber à la moindre secousse pétrolière. Le pouvoir à bout de souffle vogue à vue d’œil et pour perdurer, s’enracine dans la corruption et la gabegie. S’il a fait de la paix sociale une constante politique, il agite aussi le spectre de la peur en brandissant l’épouvantail libyen ou syrien, en sortant du chapeau une des figures les plus hideuses du terrorisme islamiste, Madani Mezrag comme il vient de le faire ou bien en actionnant le tristement célèbre secrétaire général du FLN dont les violences verbales et les menaces tonitruantes n’augurent rien de bon pour l’avenir de notre pays.
L’économie totalement extravertie est un véritable tonneau des danaïdes. Livrée aux appétits d’un marché informel tentaculaire et d’une oligarchie financière qui dicte de plus en plus sa loi, ce n’est plus qu’une machine qui tourne à vide et sert de couverture au pouvoir pour masquer les manœuvres de captation des ressources du pays et de la rente pétrolière.
L’Algérie est particulièrement vulnérable car nous importons l’essentiel de ce que nous consommons. Les échecs cumulés de l’agriculture algérienne sont sérieux et ses retards immenses. Pour alléger le fardeau financier de la facture alimentaire, le pouvoir n’a trouvé rien d’autre qu’à faire appel aux agriculteurs français auxquels il accorderait en location des terres agricoles.
L’addition à payer est et sera lourde. L’Algérie n’en peut plus de continuer à vivre dans un système qui révoque le droit aux libertés et à la démocratie et passe à la trappe l’avenir de la jeunesse. Le pays est devenu un vaste lieu de transit mais aussi un espace de large consommation de stupéfiants, qui frappe au premier chef les jeunes. En désespoir de cause, ces derniers tentent l’aventure de l’exil en Occident ou bien celle d’un projet professionnel qui souvent bien que subventionné démagogiquement par les pouvoirs publics, tourne au parcours du combattant et peine à déboucher sur une activité financièrement viable.
Les horizons de l’Algérie sont bouchés. La classe politique sous-estime l’onde de choc du bouleversement géopolitique qui a balayé le Moyen Orient.
Des partis démocrates sont encore dans la chimère que, le terrorisme islamiste étant « vaincu », il est possible de construire la démocratie avec les …doctrinaires de sa machine de guerre ( !?). Quoi qu’il en soit, le terrorisme « résiduel » continue de semer la mort. D’autre part, l’islamisme politique loin de battre en retraite a gangrené toute la planète. Son idéologie conquérante est à l’offensive et c’est bien elle qui nourrit le terrorisme en armant la main des assassins. On pourrait longtemps gloser sur « l’exception » tunisienne pour se donner bonne conscience mais la Tunisie ou tout autre pays musulman ne pourra prétendre à la modernité qu’en s’inscrivant dans une perspective résolument laïque. Ces mêmes partis semblent n’avoir pas compris aussi qu’il n’y a rien à attendre d’un système qui a mené le pays vers le mur et qu’il ne peut en aucun cas être un cadre propice à l’édification d’une République moderne.
La marche vers l’unification des rangs républicains et démocrates marque le pas. La dynamique de rassemblement a énormément de mal à se concrétiser. Pourtant, le système ne tire sa force que de ce qui nous disperse. C’est la raison pour laquelle de nouvelles voies politiques sont à explorer pour démultiplier nos forces au lieu de les affaiblir et faire émerger un nouvel horizon.
L’enjeu principal est la préservation de l’Algérie, la sauvegarde de son existence et la défense de son unité en tant que territoire et nation. Il n’y a pas lieu aujourd’hui de glorifier les particularismes pour justifier la dissidence et enfoncer un coin dans l’unité nationale. Il ne s’agit ni de s’effacer, ni de se dissoudre mais d’élever le sens des responsabilités pour édifier une République laïque ouverte à la richesse des cultures en réhabilitant l’Histoire, en donnant un statut national à la dimension berbère de l’Algérie et en reconnaissant officiellement Tamazight. Il s’agit donc de tracer un chemin vers un Etat de droit moderne bâti sur le socle des valeurs universelles.
Dans un contexte où la société est prise en otage par un système autocratique et une classe politique engluée dans l’affairisme et les calculs électoralistes, la seule force susceptible de créer un mouvement d’ensemble dans la société, c’est l’ANP. C’est la seule force sur laquelle les patriotes et les républicains fondent encore leurs espoirs pour permettre à un consensus patriotique de percer sur la scène politique, d’ouvrir la voie à une transition républicaine de façon pacifique et d’éviter l’éclatement du pays et le chaos.
Alger le 1er Novembre 2015,
Le Bureau National du PLD.