La transition républicaine, c’est aujourd’hui
Le nouvel épisode de la maladie de Bouteflika met encore une fois à nu un pouvoir politique opaque ouvrant sur l’inconnu et des lendemains lourds d’incertitudes. L’Algérie n’est pas à l’abri d’une aventure politique et peut basculer à tout moment dans le chaos. Les dangers qui s’annoncent sont inscrits dans les gènes d’un système politique maffieux qui gère le pays par la "paix sociale", exclut la société entière de l’expression démocratique et la régente par le mépris du silence. L’Algérie fragilisée et anémiée par des décennies de gabegie et de corruption est devenue un pays vulnérable à la merci de charognards de tout acabit.
Déjà en 1999, la main secrète du Qatar était à l’œuvre avec la mise sur orbite de Bouteflika aux présidentielles. Qui donc en 2013 pourrait clamer sans ambages que la scène politique algérienne ne sera pas encore une fois le théâtre de manœuvres du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et de l’Occident ?
50 ans après l'indépendance, l’Etat de droit n’est pas construit. Il reste du domaine de l’impensé et n’est pas encore à l’ordre du jour. Plus que jamais, la nation est menacée d’éclatement et à tout moment une guerre civile peut embraser le pays d’autant que les armes y prolifèrent à cause de frontières poreuses.
Aucune leçon du système n’a été tirée des revendications légitimes du printemp berbère d'avril 80, des évènements de 2001, du 5 octobre 88, de la guerre qu’a menée l’islamisme politique contre le peuple avec son lot de désastres : plus de 100 000 morts, un exode rural aux conséquences incalculables, plus de 20 milliards de dollars de dégâts matériels, la fuite, selon les chiffres du Conseil National Economique et Social (CNES), d’un million et demi d’Algériennes et d’Algériens dont le niveau plancher est celui des classes terminales. L’impasse politique a exacerbé les tensions au sein de la société et aggravé l’instabilité du pays. Les émeutes et les jacqueries récurrentes au quotidien sur tout le territoire national le démontrent amplement. Les « printemps arabes » aussi n’ont pas été saisis comme une opportunité politique pour engager les ruptures qui s’imposent.
C’est pourquoi, toute élection à terme échu ou anticipée est un non sens. Organiser des élections aujourd’hui, voire y participer c’est cautionner et maintenir le système. L’Algérie a besoin de s’inscrire dans l’universalité et prendre sa place dans le concert des nations en allant résolument vers la modernité. L’attachement aux valeurs universelles et aux principes de démocratie et d’égalité entre les hommes et les femmes ne doit souffrir d’aucune ambiguïté, ni tabou. Les libertés individuelles et collectives, la liberté de conscience, la liberté de la presse doivent être proclamées dans la plus grande clarté.
Au plan international, des manœuvres sont planifiées pour déposséder les forces algériennes démocratiques et républicaines du droit de projeter l’avenir et de décider des mesures à prendre pour placer l’Algérie sur les rails du développement et de l’essor économique et social. C’est pourquoi le PLD renouvelle ses propositions de sortie de crise avant que des forces étrangères ne s’arrogent le droit de décider du destin de l’Algérie comme ce fut le cas en Lybie, en Tunisie, au Maroc, en Egypte, au Bahrein, et aujourd’hui en Syrie, pour remplacer en dictaure par une autre dicture islamiste.
L’urgence est de rompre avec le système actuel et de transférer totalement le pouvoir à un Conseil Républicain de Transition (CRT) comme nous le proposions le 2 février 2011, au lendemain de l’installation de la CNCD. Ce Conseil souverain composé des forces républicaines et patriotiques attachées aux valeurs de la modernité et de la démocratie aura pour mission de :
- Réaliser le changement radical du système en prononçant la dissolution de toutes les institutions « élues » : Sénat, APW, APC, de tous les partis actuels, de toutes les associations et syndicats, dans la perspective de la construction d'un Eata de droit.
- Placer l’ANP sous l’autorité du CRT et en faire le garant du caractère pacifique de la transition républicaine et de son issue démocratique.
- Promouvoir l’émergence de nouveaux partis politiques, de nouvelles associations, et d nouveaux syndicats, sur la base de règles démocratiques d’organisation et de financement transparent.
- Proposer au peuple algérien par voie référendaire une constitution moderne dans la perspective des premières élections présidentielle, législative et locale.
Les forces démocratiques et patriotiques ne peuvent plus se cantonner dans le statu quo. Elles se doivent de montrer ensemble leur capacité à traduire la volonté du changement en démarche concrète susceptible d’ouvrir la voie à une véritable transition démocratique. L’avenir de l’Algérie dépendra de la capacité de la société à se prendre en charge, à développer des approches novatrices et à ouvrir de nouvelles perspectives. Il s’agit de dépasser le système qui anéantit toutes les espérances, en particulier celles de la jeunesse qui aujourd’hui est en complète déshérence.
La mère des batailles aujourd’hui est de s’affranchir d’un système caduc pour basculer dans la modernité et vivre en phase avec son époque. Le changement radical est notre salut. Il est aussi une exigence de salubrité publique.
Que les forces patriotiques,
- qui se reconnaissent dans l’arrêt du processus « électoral » de janvier 1992,
- qui ont mené le combat contre l’islamisme politique et son bras armé le terrorisme pour une Algérie une et indivisible,
- qui se sont distinguées dans la défense de l’intégrité territoriale du pays, comme à Tiguentourine, pour éviter à l’Algérie le démembrement à la Yougoslave ou la division à la Soudanaise,
convergent par leurs efforts de réflexion et leurs actions pour travailler ensemble à l’avènement rapide d’une Transition Nationale Républicaine pacifique avant qu’il ne soit trop tard !
Le Bureau National du PLD
Alger le 04 mai 2013.