De quelle démocratie nous parlent-ils ?

 

 

Quelle bonne nouvelle! L’Algérie marque des avancées démocratiques; nous demande-t’on de se réjouir, de s’illusionner ou simplement de réaliser que la démocratie serait un vain mot que l’on vide de son sens au gré des intérêts.

 

Comment croire que le simple fait de mettre en avant  l’épouvantail de la parité, acquise dans les démocraties au prix des luttes féministes, serait le signe que le pouvoir change de cap et de couleur.

Si par naïveté ou par aveuglement, nous arrivions à croire que les pourcentages de femmes et d’hommes sont à eux seuls déterminants d’une démocratie cela signifierait que notre genre détermine nos valeurs et j’irai plus loin en me posant cette question: est ce à dire que les femmes «  élues » seraient porteuses de démocratie?

 

La démocratie n’est pas un habit que l’on endosse à chaque veille d’un évènement et à chaque visite internationale. Elle est l’expression de valeurs, de symboles de décisions et de comportements. Elle est l’égalité des droits entre tous les citoyens (homme ou femmes, riches ou pauvres..), la liberté d’expression, la liberté de conscience et de religion ou non; la liberté de disposer, elle est le symbole est le garant de la justice sociale.

 

Comment les partenaires internationaux se permettent t-ils de féliciter le pouvoir; se contentent t’ils des apparences ou ignorent ils à ce point ce qu est la vie du peuple Algérien en général et des démocrates en particulier? Leurs discours politiques, entraînant dans leurs sillages les instances internationales, ne correspondent, en vérité, qu’à leurs intérêts économiques.

 

Qui se contenterait de croire, dans un pays qui respecte ses citoyens, qu’un taux aussi élevé de votes blancs et d’abstentions n’est rien d’autre qu’un acte non patriotique donc plus de 60% des Algériens le seraient ?

 

Depuis quand, un pouvoir qui a fait du discours nationaliste sectaire son fond de commerce pour son maintien aux commandes; cherche  aujourd’hui, à contenter sur le plan international et à se féliciter des  encouragements émises ça et là ?

 

Comment croire, qu’un pouvoir, qui, à chaque rendez vous électoral, enfante des femmes et des hommes lui ressemblant et lui obéissant,  ait atteint, comme par enchantement les 30% de femmes « décidé »et que de ce fait il est la démocratie de la région.

 

Comment faire croire cela à toutes les personnes âgées mal accompagné par l’état dans leurs vieillesse, aux personnes en situation de handicap non intégrées, aux jeunes vivant leur bonheur dans l’espoir d’un départ, aux malades se tournant vers les charlatans comme seul recours à l’absence de l’état, à ces jeunes filles reniées, et vouées à la prostitution pour avoir désiré, à celles victimes de violences au quotidien, à celles dont la société et les médias étatiques lourds n’offrent que le mariage comme finalité à leurs vies, à celles et ceux  condamnés et désignés ennemis populaire pour leur liberté de conscience , à  ces associations citoyennes contraintes à la disparition ou l’aliénation au pouvoir, à tous ces journalistes poursuivis et emprisonnés pour avoir osé dire, à tous ces jeunes et moins jeunes qui ne trouvent la solution à leurs problèmes de survie que le suicide ou l’immolation,  à celles et ceux qui se demandent tous les matins pourquoi leur dignité est bafouée et à d’autres la liste est trop longue?

 

Aujourd’hui, comme hier, on voit bien que les luttes dispersées pour la réelle démocratie ne font que les jeux de ceux qui veulent se maintenir au pouvoir alors démocrates amoureux de la liberté ne nous laissons pas entraîner dans l’officiel et l’officieux, dans les rapports de force au sein du pouvoir, dans les décryptages des rumeurs et des manipulations et traçons le chemin ensemble.

 

 

SALIMA DERAMCHI.